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Qualité de l'eau : Roger et Didier LE PAGE s'adressent au Maire

2016 avril LE PAGE Quinquis.JPG

 

Suite à l'autosatisfaction

affichée par les élus concernant la qualité de l'eau du Quinquis,

Roger et Didier ont réagi

en adressant une lettre ouverte

à M. JOLIVET, Maire et Président

de Quimper communauté.

 

   Didier et Roger Le Page, agriculteurs, directement concernés et victimes des pollutions, souhaitent apporter leurs réflexions suite aux déclarations des élus faites dans la presse du mercredi 23 mars dernier au sujet de la qualité des eaux du bassin versant du Lendu et en particulier le ruisseau du Quinquis.

 

Des analyses ont été faites en différents endroits à des moments choisis par le SIVALODET. C’est une bonne chose mais nous aurions aimé être tenus au courant. Sans doute si des analyses avaient été faites fin novembre ou début décembre 2015 ou le 1er janvier 2016 ou encore le 13 février 2016, pour ne citer que les dernières grosses pollutions constatées, elles n’auraient pas donné les mêmes résultats. Nous ne pouvons nous contenter des affirmations de ces élus qui considèrent que tout est réglé. Nous serons soulagés lorsque nous aurons la certitude que les améliorations seront durables et que nos bêtes pourront à nouveau brouter l’herbe de nos prairies et s’abreuver. Alors, nous pourrons, nous et tous ceux qui nous soutiennent, être récompensés d'un combat que nous menons depuis plus de 30 ans pour retrouver un ruisseau et ses abords propres. C’est pourquoi, pour compléter les analyses d'eau, il serait plus qu'intéressant de connaître l'état de pollution des terrains qui sont la principale cause de la mortalité du bétail, mais cela ne parait pas inquiéter outre mesure Monsieur Fontaine[1] malgré ses connaissances dans le domaine de la santé.

Que des dizaines de poissons apparaissent à des endroits précis, comme s'ils tombaient du ciel, nous laisse perplexes car nous constatons qu’ils disparaissent aussi vite… quand on ne les retrouve pas, 24 heures plus tard, le ventre en l’air !  [2]

 

Il faut savoir que la collectivité utilise des terrains privés comme champs d'expansion des crues causées par l'urbanisation, alors que le cadre réglementaire stipule « l'obligation pour les communes de délimiter les zones où des mesures doivent être prises pour limiter l'imperméabilisation des sols et pour la maîtrise du débit et l'écoulement des eaux pluviales et de ruissellement. »

 

Il faut savoir que des débits d'eaux pluviales et de ruissellement de 12 m3/s, voire 15 m3/s  actuellement, arrivent dans ce ruisseau, pour une capacité nominale de 3 m3/s  à 3,8 m3/s, soit 4 fois sa capacité, par pluies orageuses d'une demi heure seulement.

 

Il faut savoir enfin que la qualité des eaux de ce ruisseau n’est jamais constante toute une journée, toute une semaine, tout un mois, toute une année, qu'il pleuve ou non. Ceci dépend également de ce qui s’y déverse, volontairement ou involontairement, transformant ainsi ce ruisseau par moments en collecteur de toutes les eaux. Notre présence constante sur le terrain nous a permis de relever les causes des inondations qui ont pollué nos terres au fil des années notamment :

  1. Le poste de relèvement des eaux usées lorsqu’il est en panne ou en surcharge.
  2. Les canalisations d'eaux usées lorsqu’elles se bouchent, fuient ou même explosent,  comme le lendemain d’une fête de l’eau en octobre 2014.
  3. Les regards d'égouts en surcharge qui débordent et déversent leurs flux dans le ruisseau et sur les prairies.
  4. Les lâchers d'eaux sales de particuliers et ceci à des heures plutôt discrètes, sans compter les branchements clandestins impossibles à déceler, le ruisseau lui-même étant busé sur plusieurs centaines de mètres à différents endroits.

Un point nous a choqués particulièrement : le sous bassin versant du Quinquis dont la surface ne représente que 0,08% de celle du bassin de l'Odet aurait coûté, pour analyses de son eau, 5 402 € à la communauté. Avez-vous, Mesdames et Messieurs les élus, pensé aux 300 bêtes mortes, aux prairies inutilisables, à ce que la famille Le Page a dépensé depuis 1976 pour dénoncer ce qui se passe dans cette vallée du Quinquis. Qu'en serait-il aujourd'hui si nous n'avions dénoncé toutes ces anomalies ? Puisque vous parlez de prix, nous voulons savoir combien a coûté la réalisation de l’échelle à saumon du Lendu, construite en compensation des dommages causés à la zone humide de Menez-Prat ?

 

Un autre point nous a également choqués. Il ne faut pas passer sous silence des données essentielles. Le sous bassin versant du Quinquis, s’il ne représente que 0,08% de la surface du bassin de l'Odet, est urbanisé sur 450 ha, accueille 80 % des activités industrielles de Quimper,  235 entreprises y sont implantées et quelques milliers d'habitants (lotissements, habitations individuelles) y vivent. Dans le même temps 25 exploitations agricoles ont disparu sur cette partie du territoire quimpérois. Il est quand même étonnant que les analyses pratiquées en amont de notre exploitation relèvent, sur 6 des 7 points de mesures, la présence d’Escherichia coli d’origine porcine et bovine, sachant qu’il n’existe plus d’élevage dans cette zone.

 

Ce que nous avons subi ajouté à notre connaissance du terrain méritent un peu de considération.

Nous confirmons donc ce que nous avons déjà exprimé en 1990 au maire de Quimper de l'époque. Sans la maîtrise des eaux pluviales et de ruissellement en amont du poste de refoulement rien n’est réglé. Nous savons que la capacité de pompage de ce poste de refoulement a été augmentée à plusieurs reprises, 33 % en 2005 puis de 25 % en 2006. Malgré ces améliorations, ce poste, mal situé et mal conçu à l'origine d'après les experts, n'est pas à l'abri de nouvelles défaillances et ce d’autant plus que les nombreuses constructions, en cours et à venir, vont aggraver encore la situation.

 

La récupération de nos pâtures ne pourra se résoudre que par la réalisation d’un bassin de rétention de 18 000 m3 avec un débit de fuite correspondant à la capacité du ruisseau comme préconisé par les différentes expertises et études. Nous avons l’exemple du Frout qui est régulé par 5 bassins permettant de protéger la route de Brest et Quimper. Pourquoi ne peut-on pas en réaliser un seul sur le Quinquis ?

Vous semblez vous satisfaire de la situation actuelle. Pourtant, la canalisation d’eaux usées enfouie dans le lit du ruisseau reste un danger permanent. Ce collecteur d'eaux usées qui date de 1976 et que vous prétendez étanche, va continuer de monter en charge à chaque nouvelle réalisation urbaine. C'est comme toute machine utilisée tous les jours, il faut à un moment stopper les rafistolages !!! Comme c’est encore une fois le cas, à Troyalac’h en ce moment où une canalisation datant des années 1980 vient de s’effondrer ou celle de Kérambellec que vous venez de remplacer. Nous vous laissons l'entière responsabilité de vos affirmations.

 

Enfin, y aurait-il deux poids deux mesures ? Les normes environnementales sont- elles les mêmes pour tous ?

Notre exploitation agricole à dû se mettre aux normes pour l'installation de Didier (04 / 94) avec l'agrément des organismes concernés, du préfet, des communes limitrophes qui ont approuvé à l'unanimité le dossier présenté. La collectivité quimpéroise peut-elle être fière de son comportement en semblant ignorer qu’elle est à l’origine de tous nos problèmes et en faisant une conférence de presse pour dire que tout est réglé ?

 

Encore une fois nous avons l’impression d’une lutte du pot de terre contre le pot de fer.

Roger et Didier Le Page

Quimper le 16 avril 2016

 


[1] Vice président de Quimper Communauté, président de SIVALODET.

[2] Cf . IPR 123-0484 du 8 novembre 2012 / SIVALODET / Aqua Bio



30/04/2016
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